2019
Série de 33 Photographies (premier chapitre d’un projet artistique en trois parties combinant photographie et sculpture et cherchant à explorer et expérimenter la capacité métamorphique de l’image-matière).
« Simplement être là de nouveau. (…) Être ça de nouveau (…) Yeux clos écarquillés. Yeux clos collés aux yeux clos écarquillés. Être cette ombre de nouveau. Dans cette ombre de nouveau. Parmi les autres ombres. Ombres qui empirent. Dans la pénombre vide. (S. Beckett, Cap au pire, Paris, Les éditions de Minuit, 1991, p. 27).
J’ai fermé les yeux et tu es apparu. Derrière les membranes lumineuses de mes paupières solubles.
Le temps d’un battement, des fragments déplacés révèlent une vision de l’infactuel. J’ai écouté la pulsation du sang me raconter l’invisible. Perçu l’origine de ce qui aurait pu être. Seul le poids des êtres déplacés reste.
La matière photographique se décompose en couches successives comme des énumérations du temps qui finissent par former les strates ensevelies d'une sculpture finale, le matériau invisible d'une histoire en suspension que l'imagination et l’intuition réunissent pour faire advenir ma propre réalité. La trace en tant qu’événement me donne accès à une mémoire parallèle en cours d’élaboration, fragment déplacé par le regard qui révèle une entre-vision. Ces micro-mouvements d’une histoire sur le point de basculer suscitent un nouveau récit de mes souvenirs personnels. Sauf à y associer un témoignage écrit, la suite ne sera qu’extrapolation ou déduction approximative car le rêveur déambule dans le vide.