Quand je suis partie en Norvège, il s’agissait d’une quête.
Une absence. La possibilité d’un lien qui n’aurait pas disparu.
Partir vers cet autre dont j’avais vu se dessiner l’ombre au cours de l’une de mes lectures, celle du roman de Tarjei Vesaas - Les oiseaux. Ce voyage répondait à une urgence : celle de garder en soi la trace d’une rencontre possible inspirée par un personnage fictif. Je devais comprendre la solitude de cet être égaré. Sans voix ni figure. Sans âge. Je suis allée sur ses terres. Je l’ai recherché dans mes investigations du visible. Provoquant les rencontres qu’il aurait pu faire, pistant les incarnations furtives. Les signes.
Bien sûr, il y a les tremblements de l’imagination qui font vaciller les références factuelles. Mais ici l’illusion cherche à se faire conscience aiguë de la vérité. Derrière cet effacement des lieux, il y a l’affirmation d’une poétique des frontières.
Derrière cette déviation du réel, un travail d’anamnèse qui me rapproche de cette mémoire profonde d’une histoire commune. Face à l’impermanence du lien qui nous relie aux autres et aux événements, les corps et les objets se confondent dans une même matière, une même danse moléculaire.
When I left for Norway. It was a quest.
An absence. The possibility of a link that might not have disappeared.
Leaving in search of someone whose shadow I had glimpsed in a novel – x
This journey met an urgent need: to hold on to the trace of a possible encounter inspired by
a fictional character. I had to understand the loneliness of this lost soul.
A voiceless, faceless, ageless man.
I visited his land.
I searched for him in my investigations of what I saw. Provoking encounters he might have
had, trailing furtive incarnations. Signs.
Fragments of reality displaced by a meeting or a place, gradually forming the sediments of a
story behind the story, the tipping point of a shared memory.